Malentendance, acouphènes, surdité, traumatismes... les problèmes et troubles auditifs touchent de plus en plus de personnes en France, et notamment de nombreux jeunes. Mais pourquoi une telle tendance ? Et comment prévenir les pertes d’audition ?
« Le son ne se voit pas, l’oreille n’a pas de paupière, ce qui fait que l’on passe sa vie à écouter le monde, finalement, sans s’apercevoir précisément que ce monde peut devenir agressif », explique Christian Hugonnet, ingénieur-conseil en acoustique et président de La Semaine du son.
Aujourd’hui, il est vrai que l’« on voit de plus en plus de jeunes avec des problèmes de déficience auditive, notamment dans les aigües, les fréquences élevées ». Une dégradation de l’audition qui est notamment le fait d’une surconsommation de musique, souvent réalisée dans de mauvaises conditions, selon notre invité. Actuellement, en effet, poursuit-il, il est conseillé au fabricant de limiter la puissance acoustique des baladeurs à « 100 décibels. Mais 100 décibels, c’est énorme, c’est beaucoup, c’est une voix forte ». « Une voix parlée, par exemple, est à 70 décibels. Une voix amoureuse est plutôt à 60 décibels, une voix chuchotée est à 40 décibels. Donc, 100 décibels, c’est très fort. Et surtout, le problème qui se pose aujourd’hui, c’est que ces 100 décibels sont continus. »
Auparavant, indique l’ingénieur-conseil en acoustique, « on avait des niveaux forts qui pouvaient aller au-delà de 110 décibels », mais désormais, « la plupart des musiques sont remasterisées pour être compressées et mises toujours au même niveau de 100 décibels. On va donc vers le plafond de l’écoute et on ne redescend pas ». Autrement dit : « Avant, l’oreille avait la possibilité de se régénérer, c’était le silence, c’était des moments faibles qui permettaient de repartir, d’entendre et de comprendre. Aujourd’hui, l’oreille est asphyxiée. Et cette asphyxie pose un vrai problème, parce que l’on a des explosions de cellules sillées qui apparaissent, notamment dans les aigües ».
Par ailleurs, il vrai que « nous sommes dans un monde plus bruyant ». Et dans ce contexte, pour prévenir les pertes d’audition, il est important, selon Christian Hugonnet, « d’apprendre à écouter » et à « se donner des moments de silence. C’est-à-dire que l’on est dans un monde qui est un monde de bruit permanent. Et il faut prendre conscience que ce bruit masque tous les micro-bruits : les bruits de feuilles, de pas, par exemple ».